Elodie

a été victime à 36 ans d’un viol par son gynécologue

Pourquoi acceptez-vous de participer à l’exposition ?

Si j’ai souhaité témoigner, c’est pour aider les autres.

«Je connaissais mon violeur car c’était mon gynécologue. Je l’avais déjà vu à plusieurs reprises.

J’ai été violée dans le cabinet médical de ce médecin, lors d’une consultation gynécologique.

Lorsque je suis rentrée chez moi, j’en ai parlé à mon mari de l’époque. Il m’a immédiatement dit qu’il fallait que j’aille porter plainte. Il a pris des notes sur son petit carnet pour être sûr que je n’allais pas oublier des détails. Nous sommes alors allés au commissariat tous les deux le jour même de mon agression et c’est moi qui ai déposé plainte.

Le problème est qu’il y eut quelques différences entre mes dires et la plainte. Certains détails avaient disparus. Sur le moment, j’étais déboussolée donc je ne m’en suis pas rendue compte.

Ce n’est qu’en lisant la déposition d’autres victimes que je me suis aperçue qu’il avait agi exactement de la même manière avec moi. Ça m’a d’ailleurs beaucoup surprise. J’étais certaine d’avoir parlé de certains détails au policier le jour de l’agression. On retrouve ces détails dans les notes de mon ex-mari mais celles-ci n’ont aucune valeur juridique en termes de preuve.

9 ans après l’agression et ma plainte, mon agresseur n’a toujours pas été condamné. La procédure est longue et il fait systématiquement appel de toutes les décisions prises à son encontre, ce qui la rallonge davantage. Mais aujourd’hui, l’instruction a enfin été clôturée et j’attends une date pour le procès aux assises. On m’a dit que cela pouvait prendre encore deux ans…

Au tribunal, je ne serai pas la seule victime. D’autres femmes ont aussi été victimes de ce gynécologue. Trois ont porté plainte. Pour l’une d’entre elle, les faits sont prescrits ; il ne pourra donc pas être jugé pour ses actes. Les deux autres ont porté plainte pour agression sexuelle ; il encourt des peines moins importantes. Je ne sais pas où en est la procédure à ce niveau-là mais je sais que les autres victimes viendront témoigner à mon procès.

Lorsque je suis arrivée au cabinet médical, je portais un pantalon slim noir, un pull marron et un petit pull en V en dessous. Après, évidemment, comme lors de tout examen gynécologique, j’avais enlevé mon bas mais j’avais gardé mon haut.

Je pense que les vêtements n’ont rien à voir. Je pense même qu’il a vu que je me cachais sous plusieurs couches, que j’étais réservée et que je n’allais pas parler.

Lorsqu’on est victime de viol, notre vie change. Les impacts sur la vie privée et sociale sont très importants. Il est très difficile de se faire accompagner pour se reconstruire ; on a tendance à nous donner des médicaments mais ils ne sont pas efficaces. Il est indispensable de faire connaître des associations qui peuvent nous aider et nous accompagner car généralement, on s’isole. Le gros problème est lorsque nous habitons en province où il faut parfois faire 60km pour trouver une structure qui pourrait nous aider.

Et pour finir, la longueur de la procédure judiciaire n’aide pas à avancer…»