Je le connais depuis que j’ai l’âge de 12 ans. Je suis de nationalité tunisienne. Dès que je suis arrivée ici, il ne supportait pas que je lui dise non. Et moi, je lui disais qu’il ne peut pas me changer. J’ai pas le droit de voir d’autres personnes, même mes frères et sœurs, je dois rester avec lui.

[…] Des fois, moi je n’ai pas envie, mais parce qu’il va me prendre la tête, je me disais que je vais le faire. Je lui donne tout ce qu’il veut et il me laisse tranquille. Je le faisais pas par plaisir ou par envie.

Lorsqu’il veut faire quelque chose et que le petit est réveillé, il le met devant la télé. Il est petit, il ne comprend rien.

Je suis en colère, je m’énerve et ça commence comme ça les problèmes. Il ne comprend pas ça veut dire quoi le mot « j’ai pas envie ».

Au début, je me disais ; « allez laisse, il va changer. Il faut attendre. C’est peut-être ma faute. Mais non, il n’a pas changé .

Je bouge pas, je le laisse faire tout ce qu’il veut. Selon lui, je suis à lui, je bouge pas, j’ai aucun sentiment.

Je trouvais des excuses, je suis fatiguée.

Pendant l’année 2017, je fais toujours semblant pour qu’il me laisse tranquille. Des fois j’ai envie de crier je te déteste. Moi je sais.

Moi je parle mais j’ai passé des moments des moments durs. J’ai passé une mauvaise grossesse. La première grossesse c’était un cauchemar, il me frappe.

Le problème pour moi, c’est que je ne savais pas comment ça se passait en France. Pendant les plaintes, ses sœurs ont témoignes. Il m’ a volé mon sac avec tous mes papiers « si tu arrêtes pas, plus de papiers ». C’était la seule solution.

[…] Il est arrivé des fois que je ne porte pas les nuisettes ou les robes de nuit parce que je ne veux pas qu’il vienne. Mais il venait quand même. Il n’y a plus d’amour, il a tué tout.

[…]Je suis morte, je ne sens rien. Je le sens lourd, je le déteste ou bien il fait tout ça et j’ai les yeux fermés ou bien je fais en sorte qu’il ne soit pas sur moi. Je bouge pas jusqu’à me laver. »