Aissata

victime de plusieurs viols dans des contextes différents

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Pour que d’autres femmes qui écoutent et qu’elles ne se trompent pas comme moi et croient que c’est de l’amour. Qu’elles sachent que c’est un viol. J’ai du mal à me le dire encore aujourd’hui que c’est pas ma faute. Qu’elles comprennent qu’on appelle pas ça de l’amour !

a été victime à 7 ans de viols par son cousin

«Il y a des choses que je peux pas dire à mes parents parce que ce sont pas des pro. Qu’ils comprendraient pas, que j’ai honte.

Quand j’étais petite, mon père et ma mère et moi on vivait dans un trois pièces. J’avais 7,8 ans et le neveu de mon père devait avoir la vingtaine. Moi j’étais petite. J’ai gardé ça secret là au fond de moi. J’ai même honte de vous parlez de ça. Il était sur moi tous les soirs. C’est là que j’ai perdu ma virginité. Ça a duré deux mois si mes souvenirs sont exacts. Il avait son lit et moi je dormais sur une natte. Et il descendait la nuit de son lit et venait me rejoindre sur la natte. Il me pénétrait et il m’a dit « Cris pas. Ca fait pas mal. » Le reste du temps, il était gentil avec moi. A un moment, je me suis dit que c’était normal. Et aujourd’hui j’ai peur pour mes filles.

Je sais pas pourquoi je l’ai pas dit à ma mère. J’avais peur de mon père, et ma mère souffrait beaucoup aussi. Mon père me battait beaucoup aussi. Et il était violent avec ma mère. Une fois, il l’a frappé et elle est devenue inconsciente, on a été obligé d’appeler mon grand-frère. Ensuite, mon père est parti. Quand il est parti j’ai pas osé le dire à ma mère, parce qu’elle souffrait. Je savais pas « par quoi commencer, quoi dire » c’est ce que je pensais tout le temps. Des fois, je me dis « est-ce que ça s’est vraiment passé ? C’était pas un film ? »

a été victime de viols par son mari

«J’étais mariée religieusement avec un français, en mars 2013. Et on s’est marié en 2015.

Tout a commencé quand je suis arrivée en France. Ça a commencé à être dur. Déjà, dès le début monsieur, il sortait et il revenait tard alors que c’était même pas son pays. Et quand il voulait qu’on fasse l’amour et que je lui disais que j’étais fatiguée, il s’énervait. Quand je suis arrivée en France, on faisait l’amour du matin au soir, je dépendais de lui et moi je voulais travailler. Pour pouvoir sortir et ne pas dépendre de lui. Mais lui n’a pas voulu, il s’est énervé.

Quand je lui disais non, il me boudait jusqu’à ce que je cède. Moi, il y a certaines choses qui font pas partie de mon éducation, il m’achetait des tenues et il voulait que je danse pour lui. Il me touchait les fesses. Et il me forçait à faire d’autres choses. Plus je faisais, mais les choses s’arrangeaient pas. Je pleurais, je criais. Il me disait « salope, tu aimes bien ça. »Dans ces moments là je pleurais. Intérieurement je me disais que c’était pas la vie que je voulais. Il m’a même demandé de faire l’amour avec d’autres gens pendant que lui regarderait. Et ça j’ai dit non. Mais pour le reste je me disais que c’était mon devoir, même si ça me faisait mal et je voulais pas. Pour moi c’était normal même si en même temps je savais que ça l’était pas.

Il me donnait pas les clés donc je pouvais pas partir. Si je sortais, il m’empêchait de rentrer. J’avais honte de ma situation. Parfois je restais devant la porte et si un voisin passait je mentais, je disais que j’avais oublié mes clés. Un jour, j’ai réclamé les clés, il m’a battu et il m’a mise à la porte.

Jusqu’à présent, j’ai du mal à me dire que c’est un viol parce que c’est mon mari et que je me disais que j’étais obligée. Avec le recul, aujourd’hui, je me dis que c’est pas de l’amour.»